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Les mammifères

Les chiroptères


L’état des populations de chiroptères dans les forêts de Carnelle, L’Isle Adam et Montmorency reste une énigme, car les données dont nous disposons sont contradictoires.

S’il suffit de se promener à la tombée de la nuit en été en forêt pour constater que les chauves-souris sont abondantes, on doit néanmoins constater que les données scientifiques ne confirment pas cette impression. Les deux seules tentatives d’inventaires intra forestiers ont été réalisées en forêt de Montmorency.  En 1998, le bureau d’études Ecosphère n’a pu identifier qu’une seule espèce, la noctule commune (Nyctalus noctula), classée Assez Rare au niveau régional (d’autres espèces ont été aperçues, sans possibilité de les identifier).  En 2009, des points d’écoute ont été mis en place dans les réserves biologiques dirigées de la Cailleuse et du Nid d’Aigle n’ont permis d’identifier que quatre espèces : la Pipistrelle Commune (Pipistrellus pipistrellu), la Sérotine Commune (Eptesicus serotinus), le Murin de Daubenton (Myotis daubenton) et le Murin de Brandt (Myotis brandtii).

Ces données, qui donnent à penser que les chiroptères sont faiblement représentés en forêts de Carnelle, L’Isle Adam et Montmorency, ne doivent pas faire oublier l’évidence : toute promenade nocturne en saison dans ces forêts permet de constater la présence de chiroptères.  On peut ajouter une autre évidence : de nombreux lieux sont potentiellement très favorables à leur présence, qu’il s’agisse de carrières, de falaises, de milieux ouverts, d’arbres au stade de la sénescence…

Des études portant sur des secteurs limitrophes des forêts viennent conforter ce sentiment. A Stors, qui est attenant à la forêt de L’Isle Adam, 12 espèces de chiroptères ont été identifiées, amenant le commentaire suivant : « Concernant les chauves-souris, on peut signaler la présence jusque dans les années 1950 au moins, d'espèces devenues très rares et menacées dans la région aujourd'hui telles que la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), le Grand Murin(Myotis myotis), le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) ou le Petit Rhinolophe(Rhinolophus hipposideros). Ces espèces ont malheureusement déserté le site aujourd'huimais on peut toutefois mentionner les observations récentes du Murin à moustaches (Myotis mystacinus), du Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), de la Sérotine commune (Eptesicus serotinus) ou de la Nyctale commune (Nyctalus noctula), certes moins rares que les espèces citées précédemment mais dont la présence est tout de même encourageante et signe d'un état de santé des milieux pour le moins convenable. »

De l’autre côté de la forêt de L’Isle Adam, les études préalables à la réalisation du port ont démontré la présence de 13 espèces de chiroptères.

Nom vernaculaire

Nom latin

Port de L’Isle Adam

Stors

Pipistrelle commune

Pipistrellus pipistrellus

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xxx

Pipistrelle de Nathusius

Pipistrellus nathusii

xxx

 

Pipistrelle de Kuhl

Pipistrellus kuhlii

xxx

 

Sérotine commune

Eptesicus serotinus

xxx

xxx

Noctule de Leisler

Nyctalus leisleri

xxx

 

Noctule commune

Nyctalus noctula

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xxx

Murin de Daubenton

Myotis daubentonii

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Grand murin

Myotis myotis

xxx

 

Oreillard roux

Plecotus auritus

xxx

 

Murin de Brandt

Myotis brandtii

xx

xxx

Murin de Bechstein

Myotis bechsteinii

xx

 

Murin à moustaches

Myotis mystacinus

xx

xxx

Vespertilion d’Alcathoe

Myotis alcathoe

 

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Oreillard gris

Plecotus austriacus

xx

 

Nyctale commune

Nyctalus noctula

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Barbastelle

barbastella barbastellus

 

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Il y a donc un vrai champ d’investigation à ouvrir pour connaitre la réalité des populations de chiroptères dans nos forêts. Avec à la clé une conséquence immédiate : le traitement sylvicole en forêt domaniale dépend de l’existence ou non de chiroptères. L’ONF dispose à cet égard d’un protocole contraignant[1], qui interdit, par exemple, l’abatage de tout arbre abritant une colonie et réglemente précisément le traitement de son environnement, notamment les périodes de travaux forestiers. Encore faut-il connaitre les arbres concernés…



[1] Cette réglementation est connue sous le nom de protocole Tillon, ou « Protocole descriptif des arbres-gîtes à chauves-souris en forêt » - Code Protocole: MCA10. Elle est en fait la simple transcription pratique de l’arrêté du23 avril 2007 fixant la « liste des mammifères terrestres protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection » qui stipule, dans son article 2 : « Sont interdites sur les parties du territoire métropolitain où l'espèce est présente, ainsi que dans l'aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants, la destruction, l'altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s'appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l'espèce considérée, aussi longtemps qu'ils sont effectivement utilisés ou utilisables au cours des cycles successifs de reproduction ou de repos de cette espèce et pour autant que la destruction, l'altération ou la dégradation remette en cause le bon accomplissement de ces cycles biologiques.» La liste des animaux concernés, cités plus loin dans l’article, comporte le nom de tous les chiroptères de France.