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Les mammifères

La loutre, déclin et retour


La loutre européenne, lutra lutra, est un animal emblématique des milieux humides dont elle est un excellent indicateur de la qualité. Elle a payé un lourd tribut à l’homme qui l’a chassée pour sa fourrure ou en raison de sa prédation de poissons.

Ce mammifère, de la famille des mustélidés, pèse de 5 à 11 kg et mesure jusqu’à 1,30 m, queue incluse. Elle est adaptée à la vie aquatique : long corps fuselé, tête aplatie, pattes courtes aux pieds palmés, queue puissante, fourrure brune très épaisse.

 

 

Super prédatrice au sommet de la chaine alimentaire, elle se nourrit essentiellement de poissons, voire d’amphibiens ou de petits mammifères (rat musqué). Son territoire vital peut s’étendre à 50 km de rivière pour les mâles, 20 km pour les femelles. Elle vit en solitaire, sauf pour l’accouplement. Elle fait une portée annuelle d’un ou 2 petits dans l’une de ses catiches*. Son espérance de  vie est de 5 à 10 ans.

Nocturne, son observation est rare et aléatoire. Par contre, ses traces sur les berges ne sont pas discrètes : épreintes* (fèces), traces de pas dans la boue, reliefs de repas, coulées.

Prédatrice considérée comme nuisible, des primes récompensaient les piégeurs et sa peau bien payée était prisée des fourreurs. Elle est protégée depuis 1972. Aujourd’hui, elle est victime de la dégradation et de la destruction de ses habitats,  de la pollution, du piégeage, mais surtout des traversées de routes. C’est pourquoi on lui aménage des passages à faune le long des rives sous les ponts.

Au début du XXe siècle, elle était présente dans toute l’Europe. Elle a terriblement régressé en France, surtout jusqu’à la 2e guerre mondiale. Sa population française est estimée à 50 000 en 1900 et 1500 seulement en 1980. Sur le bassin Seine-Normandie, sur 2600 loutres répertoriées piégées, 1700 l’ont été entre 1900 et 1930.

 A L’Isle-Adam, une loutre est tuée en 1817. Une loutre piégée à L’Isle-Adam figure parmi les collections du MNHM*. A Paris, la dernière loutre est tuée en 1909 sur l’ile du Pont-Neuf. Elle disparait de son dernier bastion francilien, le Val d’Oise,  en 1930.

En 1980, elle était présente dans 12 départements de la métropole, 3 seulement abritaient des populations viables dans le Massif Central et sur la façade atlantique. Suite à sa protection, en 2021, sa population est considérée viable dans 25 départements. Ses effectifs ont doublé depuis 1980. Elle regagne naturellement des territoires : La Loire moyenne, la Dordogne, les Pyrénées, la Bretagne. Sur le bassin Seine-Normandie, elle est signalée sur le bassin de l’Orne et au lac de la forêt d’Orient. La restauration de ses habitats naturels est privilégiée pour favoriser son retour.

 

 

MNHM* : Museum National d’Histoire Naturelle

catiches* : gite de la loutre.

épreintes* : fèces de la loutre.

 

Bibliographie : Etude sur la loutre dans le bassin Seine-Normandie. Répartition historique, causes de régression et avenir. Christian Bouchardy et Yves Boulade. Catiche Productions